Règles absentes : quand s’inquiéter ? Raisons et solutions possibles

L’absence de règles ne concerne pas uniquement les adolescentes ou les femmes enceintes. Même en dehors de ces situations attendues, un cycle menstruel peut s’interrompre sans raison apparente, bouleversant parfois les repères corporels et émotionnels. Une interruption prolongée n’est pas toujours anodine.

Chez certaines, la cause est passagère, liée à un changement de rythme ou à une période de stress. D’autres fois, il s’agit d’un désordre hormonal ou d’une affection qui se cache derrière ce silence du corps. Les effets, qu’ils soient physiques ou psychiques, dépendent du contexte et de la durée. Plus tôt on comprend ce qui se joue, plus il est possible d’éviter des complications et de retrouver un équilibre.

Absence de règles : un signal à ne pas négliger

L’absence de règles, appelée aménorrhée, n’est pas un simple contretemps. Lorsqu’un cycle menstruel s’arrête, c’est souvent le reflet d’un message que le corps tente de faire passer. On distingue deux cas bien définis : l’aménorrhée primaire, où les règles n’arrivent jamais à l’adolescence, et l’aménorrhée secondaire, qui survient après une période de cycles réguliers.

Chez une femme qui avait jusque-là un cycle régulier, on parle d’aménorrhée secondaire dès que les règles disparaissent pendant trois cycles d’affilée. Cela peut toucher n’importe quelle tranche d’âge , et c’est parfois déstabilisant, tant sur le plan intime que dans la gestion du quotidien. Les origines sont multiples, mais les perturbations hormonales sont souvent au premier plan : stress majeur, perte de poids rapide, modification des habitudes… Il n’en faut parfois pas plus pour détraquer la mécanique du cycle.

Repérer les signaux d’alerte

Certains signes doivent alerter et inciter à consulter, surtout si le cycle avait toujours été stable auparavant :

  • Changements soudains dans la fréquence ou la durée des règles
  • Apparition de règles irrégulières après des cycles réguliers
  • Douleurs inhabituelles ou symptômes associés (acné, prise de poids, perte de cheveux)

Un retard de règles dont la cause n’est pas évidente, surtout sans contraception ou suspicion de grossesse, mérite une attention particulière. Si l’aménorrhée se prolonge ou s’accompagne d’autres troubles, il est recommandé de consulter. Les déséquilibres du système hormonal n’ont pas tous la même origine : ils peuvent être temporaires, mais parfois ils révèlent un problème plus profond, comme un syndrome des ovaires polykystiques ou un trouble au niveau de l’hypophyse.

Pourquoi les menstruations peuvent-elles s’arrêter ? Les principales causes expliquées

Ce silence menstruel peut s’expliquer de plusieurs façons. Au centre du fonctionnement : les hormones, véritables chefs d’orchestre du cycle menstruel. Il suffit d’un déséquilibre, même léger, pour que l’ovulation ne se produise pas, interrompant ainsi le cycle. Le stress, qu’il soit ponctuel ou installé, agit sur l’axe hypothalamo-hypophysaire, freinant la production de certaines hormones. Un épisode difficile, une période d’anxiété, et le cycle s’en trouve chamboulé.

Il faut aussi prendre en compte les troubles alimentaires. Un changement rapide du poids, souvent à cause de restrictions ou d’un déséquilibre entre apports et dépenses, brouille le dialogue hormonal entre le cerveau et les ovaires. Chez les sportives intensives ou les personnes ayant une alimentation très contrôlée, ce phénomène n’est pas rare.

Côté maladies, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) arrive en tête chez les femmes jeunes. Ce trouble modifie l’ovulation et s’accompagne parfois d’autres signes : acné, pilosité accrue, prise de poids. Il faut également penser à la ménopause précoce, qui, bien que rare avant 40 ans, peut expliquer un arrêt persistant des règles.

Un autre facteur mérite d’être cité : une sécrétion excessive de prolactine. Un petit adénome de l’hypophyse suffit parfois à suspendre le cycle. Certains traitements médicamenteux, comme des neuroleptiques ou des antidépresseurs, peuvent aussi être en cause et provoquer une aménorrhée secondaire.

Quels risques pour la santé en cas d’aménorrhée prolongée ?

L’aménorrhée prolongée ne se limite pas à l’absence de règles : elle a des répercussions bien réelles sur la santé. Lorsque l’organisme manque d’œstrogènes, l’équilibre du système hormonal s’en trouve perturbé, ce qui impacte plusieurs fonctions.

Les os sont particulièrement vulnérables : sans l’action protectrice des œstrogènes, la perte de densité minérale osseuse s’accélère. Ce phénomène, bien documenté chez les femmes ménopausées, concerne aussi les jeunes femmes touchées par une aménorrhée durable. Le risque de fractures augmente, tout comme l’apparition précoce d’une ostéopénie : le squelette paie le prix fort d’un déficit hormonal.

L’utérus et le vagin ne sont pas épargnés : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, inconfort lors des rapports, troubles de la lubrification , autant de symptômes liés à un manque d’œstrogènes. Sur le plan cardiovasculaire, ce déficit augmente le risque de troubles cardiaques et d’accidents vasculaires.

Impossible de faire l’impasse sur la question de l’infertilité : sans cycle ovulatoire, la grossesse naturelle devient impossible. Chez la femme jeune, il est donc indispensable de rechercher d’éventuelles complications si l’aménorrhée perdure.

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Quand consulter un professionnel et quelles solutions envisager ?

Un retard de règles qui dépasse trois mois, hors grossesse, nécessite un avis médical. Qu’il s’agisse d’aménorrhée primaire (jamais de règles à l’adolescence) ou d’aménorrhée secondaire (arrêt des cycles chez une femme réglée), il est recommandé de rencontrer un professionnel de santé : généraliste, gynécologue ou sage-femme. L’écoute attentive de l’histoire, l’examen clinique et l’analyse du cycle menstruel orientent le diagnostic.

Première étape : écarter une grossesse, cause fréquente d’absence de règles. Ensuite, il s’agit de rechercher d’éventuels troubles hormonaux, des pathologies ovariennes comme le syndrome des ovaires polykystiques ou la ménopause précoce, ou encore un déséquilibre du système hormonal lié à un stress important ou une perte de poids. Le médecin pourra demander une analyse sanguine des hormones, une échographie pelvienne, voire une IRM si une anomalie de l’hypophyse est suspectée.

Les solutions varient selon la cause identifiée. Parfois, un bilan nutritionnel, l’ajustement d’un traitement, ou le soutien psychologique sont proposés, notamment si le contexte évoque un stress durable ou un trouble alimentaire. Une prise en charge coordonnée entre professionnels permet d’améliorer les perspectives, que ce soit pour préserver la fertilité ou protéger la santé osseuse.

Face à un cycle qui s’interrompt, le réflexe doit toujours être l’écoute du corps. Savoir décoder ces signaux, c’est donner à sa santé la place qu’elle mérite et s’offrir la possibilité d’agir avant que le silence ne s’installe durablement.

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