Maladies éradiquées de l’histoire moderne

On ne croise plus la variole depuis 1980. Grâce à une campagne de vaccination orchestrée avec une rigueur implacable par l’Organisation mondiale de la santé, ce fléau a cessé de circuler. D’autres infections, comme la poliomyélite, s’accrochent encore à quelques poches de la planète, malgré des décennies de mobilisation et des progrès retentissants en biologie comme en santé publique.

Rares sont les maladies qui disparaissent complètement. Effacer un agent infectieux demande une énergie considérable : résistance des microbes, contraintes politiques, logistique titanesque. L’élimination d’un territoire et l’éradication mondiale semblent proches sur le papier. Mais sur le terrain, l’écart saute aux yeux : la mécanique est incertaine, soumise à tant d’aléas, que la maîtrise de l’humanité paraît fragile devant l’inventivité du vivant.

Comprendre l’éradication des maladies infectieuses : enjeux et définitions

Effacer toute trace d’une maladie infectieuse du globe entier reste un exploit rarement observé. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette prouesse implique qu’aucun cas naturel ne réapparaisse nulle part, sur une période donnée. À ce jour, seule la variole a rejoint ce cercle restreint : fruit d’une campagne de vaccination mondiale mise en œuvre sans relâche, décennie après décennie.

Une distinction de taille s’impose : éradiquer, c’est viser la planète entière ; éliminer, c’est cibler une région. Or, la liste des agents pathogènes potentiellement éradiquables reste courte. Il faut : aucun réservoir animal, une couverture vaccinale efficace, une surveillance constante, une mobilisation soutenue à l’échelle internationale. Dans la réalité, la plupart des virus n’entrent pas dans ces cases. Certaines maladies infectieuses chroniques persistent. La lèpre, par exemple, n’a pas disparu, même si sa présence décroît. Des pandémies, telles que les grandes grippes, s’éteignent après avoir frappé. Mais la variole, elle, clôt le chapitre définitivement, sans retour possible.

L’immunité collective repose sur une vaccination massive. La trajectoire de la poliomyélite, tout près d’un effacement total mais encore signalée dans quelques pays, démontre cette instabilité. La coordination pilotée par la mondiale santé OMS, additionnée à la mise en place de politiques de santé publique, reste capitale. Gommer toutes les épidémies d’un coup est hors d’atteinte. Pourtant, chaque réussite, même partielle, laisse sa marque dans l’histoire des épidémies et nourrit la dynamique de la médecine moderne.

Quels exemples marquants illustrent la disparition de maladies dans l’histoire moderne ?

La disparition de la variole fait figure de référence absolue. Depuis 1980, aucun cas signalé nulle part. Derrière cette victoire, deux siècles de découvertes, d’efforts collectifs autour des campagnes de vaccination et une organisation inédite à l’échelle mondiale. Cela démarre dès la fin du XVIIIe siècle : Edward Jenner, pionnier du vaccin, amorce la lutte. Au XXe, chercheurs, professionnels de santé et décideurs publient une symphonie d’énergie pour atteindre l’objectif.

Parmi les maladies qui se sont retirées de la scène, la peste tient une place à part. Effrayant pendant des siècles, ce fléau a reculé grâce à l’hygiène et à la compréhension de ses modes de propagation, sans jamais s’effacer totalement. La grippe espagnole, elle, a emporté des millions de vies au début du XXe siècle, avant de s’estomper aussi vite qu’elle était apparue, témoin de la volatilité des grandes pandémies.

Retrouvons ici des cas historiques dont la trajectoire a marqué la lutte contre les maladies :

  • Variole : éradication reconnue en 1980
  • Peste : fin des grandes pandémies européennes au XIXe siècle
  • Grippe espagnole : disparition rapide à la suite de la Première Guerre mondiale

De nombreuses maladies n’ont jamais totalement quitté la scène. La tuberculose continue à sévir, malgré l’apparition du vaccin calmette-guérin (BCG) et des antibiotiques. La lèpre, longtemps symbole de marginalisation, recule sous l’action des traitements mais résiste localement. La frontière se déplace entre maladies rayées de la carte et infections maîtrisées, dessinant la géographie mouvante des épidémies depuis le XIXe et XXe siècle.

Enfants joyeux en classe levant la main avec message merci science

Biologie synthétique et nouveaux défis : l’éradication remise en question ?

L’émergence de la biologie de synthèse rebat les cartes du possible. Aujourd’hui, reconstituer un virus en laboratoire à partir de son code génétique publié n’est plus du domaine de la science-fiction. L’exemple de la variole l’a démontré : après son éviction naturelle, le virus a été recréé artificiellement au Canada en 2017. Cet événement soulève une question de fond : le contrôle humain sur les agents pathogènes peut-il réellement tenir ?

Avec la génétique inverse, des équipes parviennent à modifier ou recréer des virus en quelques manipulations. Aux États-Unis, en Chine, des chercheurs travaillent sur des souches anciennes comme sur de nouveaux agents, pour mieux percer les mystères de la virulence ou mettre au point des vaccins inédits. Mais ce mouvement vers l’avant comporte ses périls : le secteur de la santé mondiale prend désormais en compte le risque d’incidents ou d’utilisations malveillantes lors de ses scénarios de gestion des crises sanitaires.

Un autre défi se dresse : la progression des zoonoses, ces maladies qui franchissent la barrière entre l’animal et l’humain. Du SARS-CoV-2 aux épisodes d’Ebola survenus au Nigeria ou au Cameroun, chaque sursaut rappelle la difficulté de casser la chaîne de transmission. Les stratégies qui s’appuient sur des réseaux de surveillance globaux et un partage efficace des données sont devenues indispensables. Mais la mobilité accrue, la rapidité de circulation des agents infectieux et leur plasticité génétique entretiennent le doute : la lutte contre les maladies peut-elle vraiment s’achever ? Ou faudra-t-il accepter que le risque soit toujours latent, tapi dans l’ombre, prêt à réapparaître au détour d’un événement inattendu ?

Ne ratez rien de l'actu