Médecins les mieux payés : les spécialités au sommet de l’échelle salariale

Les écarts de rémunération entre médecins spécialistes atteignent parfois plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Certaines disciplines affichent des revenus nets annuels supérieurs à 200 000 euros, alors que d’autres plafonnent à moins de la moitié. Ce classement ne correspond ni à la durée des études, ni à la complexité des actes pratiqués.

La structure du secteur de la santé, la rareté de certains profils et la tarification des actes médicaux créent des disparités marquées. Les choix d’orientation professionnelle sont ainsi largement conditionnés par le potentiel de rémunération, bien plus que par l’exposition médiatique ou la notoriété des spécialités.

Panorama des salaires médicaux : comprendre la hiérarchie des spécialités

Derrière la blouse blanche, la réalité des salaires tranche parfois radicalement d’une spécialité à l’autre. Tout commence avec un choix : celui de la discipline exercée, mais aussi du mode d’exercice et du secteur retenu. Pour les généralistes, les revenus demeurent stables, mais loin des sommets atteint par bien des spécialistes techniques. Chirurgiens, radiologues et anesthésistes voient leurs émoluments grimper et creuser le fossé avec la majorité des autres professionnels de santé. Les chiffres de la CARMF et de la DREES ne mentent pas : l’activité libérale ouvre un horizon financier nettement plus vaste qu’à l’hôpital où les salaires sont plafonnés, en échange d’une sécurité professionnelle.

Pour clarifier la diversité des situations, il est utile de bien distinguer plusieurs cadres d’activité, chacun ayant ses logiques et ses effets sur le revenu :

  • Secteur 1 : honoraires conventionnés, tarifs régulés par la Sécurité sociale, stabilité mais augmentation limitée d’année en année.
  • Secteur 2 : liberté de fixer ses tarifs, possibilité de dépassements d’honoraires, un avantage dans les disciplines où la demande explose.
  • Exercice mixte : combiner cabinet et hôpital, c’est varier les pratiques et cumuler les apports financiers issus de chaque environnement.

La tendance s’observe sur la durée : d’année en année, les revenus évoluent lentement à la hausse (+0,6 % en moyenne entre 2017 et 2021), une légère décroissance s’est faite sentir en 2022, puis les spécialités les plus sollicitées ont connu une nette progression, avec des augmentations pouvant atteindre 5 à 8 % par an entre 2021 et 2025. Principalement au bénéfice des libéraux, même si les praticiens hospitaliers ont vu leur salaire revalorisé avec le Ségur de la Santé.

Le secteur d’exercice reste un levier déterminant : un spécialiste en secteur 2 gagne souvent beaucoup plus qu’en secteur 1, à activité équivalente. D’autres leviers entrent en scène : région d’installation, volume d’actes, innovation technique, ou rareté de la spécialité. Chacun façonne à sa manière le visage des salaires médicaux dans tout le pays.

Quelles spécialités médicales figurent au sommet de l’échelle des revenus ?

Difficile de rivaliser avec les disciplines techniques lorsque l’on dresse le classement des spécialités les plus rémunératrices en libéral. Les anesthésistes-réanimateurs se hissent en haut du podium : leurs gains annuels oscillent entre 130 000 et 250 000 euros selon leur expérience et leur secteur d’activité. Certains anesthésistes, une fois installés en libéral, approchent sans mal le cap des 15 000 euros mensuels. Les chirurgiens, surtout en orthopédie ou en neurochirurgie, suivent de près, certains pouvant percevoir jusqu’à 260 000 euros par an, et parfois plus pour les praticiens confirmés.

Ophtalmologues et radiologues ne sont pas en reste. Un ophtalmologue en secteur 2 peut atteindre 210 000 euros de revenus annuels. Les radiologues, portés par la montée en puissance des technologies et des besoins en imagerie, évoluent le plus souvent dans une fourchette de 120 000 à 220 000 euros.

Voici quelques cas concrets pour illustrer les écarts de rémunérations :

  • Orthodontiste : jusqu’à 17 000 euros par mois après plusieurs années en cabinet libéral.
  • Cancérologie : une fourchette de 225 000 à 338 000 euros annuels selon la quantité d’actes et le secteur d’exercice.
  • Médecine nucléaire : passage possible de la barre des 200 000 euros pour certains praticiens installés.
  • Cardiologie : des revenus mensuels entre 8 000 et 9 000 euros en libéral ou pour les fins de carrière à l’hôpital.

La médecine générale, pilier de l’organisation des soins, se situe beaucoup plus bas sur l’échelle des revenus. L’écart reste saisissant, résultat direct du découpage entre spécialités cliniques et disciplines à forte valeur ajoutée technologique.

Médecins en réunion dans une salle de conférence élégante

Facteurs clés qui expliquent les écarts de rémunération entre médecins

Derrière la question du salaire, la spécialité choisie pèse fortement dans la balance. Les disciplines techniques, chirurgie, anesthésie, radiologie, concentrent les rémunérations les plus hautes, en raison de la complexité ou de la technicité accrue des actes, mais aussi du potentiel de facturation généré. D’un autre côté, les spécialités cliniques comme la médecine générale affichent des niveaux de revenus plus modérés.

Le statut d’exercice a aussi son influence : en libéral, les praticiens fixent leur rythme, leur tarif (notamment s’ils exercent en secteur 2 ou 3), profitant d’une liberté qui fait défaut à l’hôpital. Même après l’amélioration des grilles avec le Ségur, la différence reste nette : un hospitalier débutant commence généralement autour de 45 000 à 55 000 euros par an, alors que nombre de spécialistes en libéral dépassent ce seuil dès les premières années.

La sectorisation conventionnelle intervient fortement. En secteur 2, les dépassements d’honoraires sont monnaie courante, tout particulièrement en ville. D’autres aspects viennent moduler ces montants : expérience, quantité d’actes pratiqués, notoriété locale ou nationale, choix de la région d’implantation, qu’il s’agisse d’un centre urbain très prisé ou d’une zone moins bien dotée en praticiens.

L’intégration de solutions technologiques de pointe, comme l’intelligence artificielle en imagerie ou la robotique opératoire, accentue les écarts au fil des années. La profession évolue aussi sur d’autres plans : féminisation des effectifs, politiques favorisant l’installation, tension démographique sur certains territoires… Pour illustrer le déséquilibre, en 2021, le revenu moyen d’une femme médecin était de 90 000 euros, quand il atteignait 148 000 euros pour les hommes.

Au fil des avancements scientifiques, des politiques publiques et de la transformation du secteur, chaque praticien voit son horizon professionnel se dessiner. La carte des revenus médicaux, longtemps considérée comme figée, se réinvente saison après saison. Impossible aujourd’hui de prédire si le classement actuel sera celui de demain, l’avenir des salaires médicaux réserve sa part d’imprévu.

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